Bouger, se divertir...
Les collections du département archéologie sont constituées pour l'essentiel des découvertes réalisées dans le bassin clermontois et, plus largement, le département du Puy-de-Dôme. Leur présentation permet d’esquisser l’histoire des sociétés qui se sont succédé en Basse-Auvergne à partir des éléments de culture matérielle mis au jour lors des fouilles archéologiques. Le parcours d’exposition est organisé de manière chronologique. Il aborde la préhistoire, la protohistoire et l’Antiquité galloromaine. Pour chaque période, des focus mettent en lumière les sites emblématiques du territoire : Corent, Gondole, Gergovie, Aulnat-Gandaillat, Augustonemtum, la source des Roches à Chamalières, le temple de Mercure sur le Puy-de-Dôme, la nécropole gallo-romaine des Martres-de-Veyre. Certaines thématiques, essentielles à la compréhension des différentes cultures (croyances, rites funéraires, techniques...) jalonnent également le parcours. La dernière salle du parcours est consacrée à la présentation de fouilles récentes n'ayant pas encore bénéficié de restitution au public ou à des petites expositions thématiques.
Zoom sur l'abri DURIF L'abri Durif (du nom de son inventeur) situé à Enval (Vic-le-Comte) est l’un des plus importants sites magdaléniens d'Auvergne. Il se divise deux secteurs, le sol de la Grange daté entre - 15 500 et - 13 500 et le fond de l’Abri daté entre - 13 200 et - 11 700. Le site a livré une abondante industrie lithique laminaire et lamellaire à partir de silex locaux ou importés depuis le sud du bassin parisien. Les manifestations artistiques sont bien représentées à Enval avec des objets de parure, des plaquettes gravées et une statuette féminine.
Zoom sur la sépulture du Cheix La sépulture du Cheix, datée du Néolithique ancien (autour de 4 700 av. J.-C.), a livré le plus ancien squelette connu à ce jour en Auvergne. Il s’agit du squelette d’une jeune fille reposant sur le côté droit en position fœtale, la tête orientée au sud (la face tournée vers l’est) et les pieds calés contre les parois du fond de l’abri. A proximité des avant-bras se trouvaient un petit crayon d’ocre et une défense de sanglier de taille remarquable. Le crâne était ocré.
Zoom sur le dépôt de Manson Le dépôt de Manson se compose d'une centaine d'objets en bronze découverts en 1873 sur la commune de Saint-GenèsChampanelle à Manson. Rassemblés au même endroit, ils forment un dépôt remarquable par sa composition : éléments de parures féminines et masculines, armement, ornement de harnachement.
Zoom sur les vases de Gandaillat Les vases de Gandaillat, aux décors zoomorphes très élaborés, figurent parmi les plus remarquables témoignages de l’art gaulois. Une cinquantaine de ces vases sont recensés en Auvergne, principalement autour de Clermont-Ferrand, secteur qui correspond vraisemblablement à leur lieu de fabrication. Extrêmement rares, ces céramiques correspondent à des objets de « prestige ». Absents avant le début du 2e siècle avant J.-C., leur apogée se situe entre - 160 et - 130. Ce sont tous, ou presque, des récipients fuselés avec une ouverture étroite, destinés au service de la boisson. Zoom sur les oppida Les oppida, habitats fortifiés du 1er âge du Fer réinvestis entre la fin du 2e siècle avant J.-C. et le 1er siècle sont dénommés par César. Ils présentent des traits urbains communs avec un habitat dense et structuré, organisé en quartiers, un réseau cohérent d’axes de circulation, une intense activité artisanale et commerciale, des équipements publics et parfois une fortification. Le territoire arverne a la particularité d’accueillir trois de ces oppida (Corent, Gondole et Gergovie) sur un tout petit périmètre, ce qui suscite des interrogations. Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer cette situation atypique : celle de sites concurrents (Corent vs Gondole vs Gergovie), celle d’une succession dans le temps (Corent → Gondole → Gergovie), celle d’une complémentarité fonctionnelle (Corent = la cité ; Gondole = le port artisanal ; Gergovie = la forteresse). Il est d’autant plus difficile de trancher que, pour l’heure, ces sites n’ont été fouillés ni sur des surface équivalentes, ni sur des secteurs de fonction comparable.
Zoom sur le pied monumental Ce pied monumental en bronze a été découvert en 2006 à l’occasion d’un diagnostic archéologique sur le site de l’ancienne gare routière. La fouille préventive effectuée en 2013-2014 n’a pas révélé d’autres éléments en rapport avec cette découverte. Ce pied appartenait à une statue colossale en bronze mesurant entre 2,70 m et 3,50 m de haut selon que le personnage était assis (ce que laisserait penser l’absence de soclage) ou debout, et pesant au moins 400 ou 450 kg. Le personnage auquel appartenait le pied ainsi que la datation restent problématiques. Cette statue prestigieuse relevant certainement d’une commande impériale était sans doute destinée à un grand monument public d’Augustonemetum.
Zoom sur les vestiges gallo-romains de la nécropole des Martres-de-VeyreLes vestiges gallo-romains de la nécropole des Martres-de-Veyre sont exceptionnels par leur état de conservation et totalement uniques en Europe. Fouillées en deux temps durant la deuxième moitié du 19e siècle, cinq tombes gallo-romaines sont découvertes fortuitement sur le site. Toutes livrent une quantité impressionnante de vestiges archéologiques organiques (jusqu’aux chevelures des défunts !), majoritairement liés au textile : vêtements, étoffes diverses, quenouille, corbeille, etc. La laine en est le matériau dominant. Des chaussures en bois, liège et cuir sont également présentes. La pièce maîtresse, mondialement connue, est une tunique provenant de la tombe D. Celle-ci abritait le corps d’une jeune femme habillée d’une robe de laine brune.
Zoom sur la Source des Roches de Chamalières Les ex-voto en bois de la Source des Roches de Chamalières sont datés approximativement entre 30 avant et 100 après J.-C. Ils constituent l’ensemble le plus important de sculptures gallo-romaines en bois conservé à ce jour en France : les fouilles du site ont permis la découverte de 10 000 fragments provenant de 3 500 ex-voto complets. Leur nombre, leur état de conservation exceptionnel (grâce au milieu humide dans lequel ils sont restés enfouis pendant près de vingt siècles), la variété des représentations et leur dépôt sur une période relativement courte en font une collection de référence. Dérivé du latin vovere votum (faire un voeu), le terme ex-voto signifie littéralement « d’après le voeu ». Quel que soit le lieu ou l’époque, la fonction de l’ex-voto reste la même : il s’agit d’invoquer les forces divines, de leur demander leur aide ou de les remercier de leur intervention notamment pour une guérison, comme c’est le cas à la source des Roches.
Attention : cette salle est actuellement fermée pour travaux
Zoom sur le temple de Mercure sur le puy de Dôme Le sanctuaire de Mercure Dumias, situé sur le versant sud du sommet du puy de Dôme à 1 450 m d’altitude, a été mis au jour à partir de 1873, à la faveur de la construction de l’observatoire météorologique sous l’égide de l’Académie de Clermont. L’ensemble du mobilier étudié invite à dater très précisément des années 120 - 130 après J.-C. la construction du temple. Les grandes périodes d’occupation du volcan sont aussi mieux connues ; sans doute fréquenté dès l’époque gauloise, il a accueilli deux temples gallo-romains successifs, l’un construit vers le milieu du 1er siècle après J.-C. et l’autre dans la première moitié du 2e siècle. Il s'agit d'un grand centre de pèlerinage que sa position géographique permet de voir depuis Augustonemetum, la capitale arverne.
Depuis 1993, le département acquiert, étudie, conserve et valorise un patrimoine textile extra-européen unique allant du 18e au 21e siècle et offre un regard inédit sur le monde à travers des expositions temporaires invitant à la rencontre des cultures. Proche et Moyen-Orient, Asie Centrale, Caucase, Extrême-Orient, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Amérique centrale sont autant de contrées qui invitent le visiteur à appréhender les traditions textiles de ces régions du globe. Révélateurs de coutumes, de traditions, de techniques, ces vêtements et accessoires de costume, ces éléments d’architecture textile, tapis, sacs... sont autant de prétextes pour évoquer l’Homme par le biais du textile. Résultats tangibles de savoir-faire (patrimoine immatériel), porteurs de visions du monde liées au vivre-ensemble et aux croyances, ils permettent d’aborder des problématiques religieuses, sociétales, identitaires, politiques et économiques. Enfin, les récentes acquisitions et les différentes actions menées par le département en France et à l'international inscrivent le musée comme un établissement de référence en matière d'art textile, à l’expertise reconnue et recherchée.
Les collections textiles, particulièrement sensibles à la lumière, ne peuvent être exposées de manière permanente. Afin d’assurer la préservation des pièces, elles sont présentées dans le cadre d'expositions temporaires qui permettent d’explorer la richesse et la diversité des textiles du monde.
Panneaux de corsage molas . Population Kuna Coton ; tissage, appliqué inversé Iles San Blas, Panama, 20e siècleLes indiens Kuna vivent sur l'archipel corallien de San Blas ou des Mulatas, près de la côte atlantique du Panama. Au contact des colons espagnols et sous l'influence des missionnaires, ils transforment leurs mœurs et leurs pratiques. Influencés par l'habit occidental ou contraint de le porter, ils créent un textile sur lequel sont reproduits les dessins autrefois peints sur les corps. Les pièces de corsages féminins, molas, sont fabriquées selon la technique de l'appliqué inversé qui consiste à superposer plusieurs tissus et à incruster ou ciseler le motif afin de laisser apparaître le tissu inférieur. photo 2016.5.1 ©Musée Bargoin, Clermont Auvergne Métropole
Tapis-couverture, mergoum Laine ; tissage, décor par substitution de trame Libye, Tripolitaine, milieu du 20e siècle Ce tissage est typique de la Libye et a inspiré le style du sud tunisien. Vers 1950, ces mergoum ont même été fidèlement imités à El Hamma (près de Gabès). Chez les sédentaires, ils sont utilisés en tenture murale mais chez les nomades de l’ancienne Tripolitaine, ils étaient un élément essentiel du trousseau de la mariée et recouvrait le palanquin des noces avant de servir de couverture ou de tapis de sol. La taille de la pièce, les couleurs de la laine, la répartition des bandes colorées et la qualité du décor central ne souffrent aucune modification de la part de la tisserande pour répondre parfaitement aux traditions tribales.
©Rémi Boissau, ville de Clermont-Ferrand
COMPOSITION 6 . ABDOULAYE KONATÉ Coton, bazin teint, broderies machine Bamako, Mali 2012L’œuvre présentée ici est formée d'une succession de bandes de bazin dont la teinture indigo est déclinée dans une variété de nuances allant jusqu’au violet. La vibration colorée est renforcée par les multiples points brodés, éléments graphiques évoquant le plumage de la pintade de Numidie. Cet « oiseau aux mille perles » empreint de légendes est très présent dans les mythologies de l'Afrique subsaharienne, notamment au Mali, où vit Abdoulaye Konaté. L’artiste utilise, détourne et sublime un matériau textile emblématique de la tradition vestimentaire malienne : le bazin. Ce tissu damassé en coton est le résultat d’une histoire mettant en relation l’Europe, où il a été imaginé et produit et l’Afrique. ©F.Giffard, Ville de Clermont-Ferrand
Coiffe de mariage, haml Coton, verre, ambre, paillette, grelot, résille et chaîne métalliques, bijou en argent ; tissage, application, orfèvrerie Yémen, Hadramaout, début du 20e siècle La coiffe de mariage, couverte de bijoux en argent et de perles de verre rouge, une imitation du corail, marque le changement de statut de la jeune mariée. Elle est portée le soir de la nuit de noce, accompagnée d'un voile de tête brodé d'or, d'un diadème richement orné et de cheveux postiches provenant de jeunes filles de 13 et 14 ans. La coiffe a un rôle de protection envers la porteuse, grâce aux résilles en argent couvrant les oreilles ainsi que les amulettes, les perles et les pièces de monnaie qui appellent santé, fertilité et prospérité. ©Rémi Boissau, ville de Clermont-Ferrand
Manteau de pluie Fibre de palmier-aréquier, ou de palmier de Chine, surpiquage Extrême-Orient, 19e siècle Ce manteau de pluie est composé de deux éléments : une cape courte couvrant le haut du corps et une sorte de tube, maintenu grâce à des bretelles. Ce type de textile est utilisé par les paysans en Chine et au Japon, mais également aux Philippines, avec des matières premières puisées dans l’environnement direct des populations, ici la fibre de palmier. Mettre la liste des publications du musée,©F. Giffard, ville de Clermont-Ferrand