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Des recherches scientifiques dévoilent 8 000 ans d’histoire du marais de Fontfreyde à Saint-Genès-Champanelle

08/10/2024 Préserver, recycler...

Depuis 2018, l’Université Clermont Auvergne, l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne et Clermont Auvergne Métropole mènent un programme de recherches dédié au marais de Fontfreyde à Saint-Genès-Champanelle. Ce site unique de la Chaîne des Puys, longtemps ignoré des chercheurs, dévoile aujourd'hui ses secrets grâce à un travail scientifique de 7 ans.

Pourquoi mener des études scientifiques sur le marais de Fontfreyde ?

Situé à 868 mètres d'altitude, sur la commune de Saint-Genès-Champanelle, le marais de Fontfreyde est une des rares zones humides situées sur le territoire de la métropole clermontoise. Les chercheurs y ont découvert une archive naturelle précieuse, retraçant l’évolution du climat, de la végétation et des interactions humaines au fil des millénaires : une tourbière vieille de 8 000 ans. Le site se distingue également par sa flore rare à cette altitude, notamment la Ligulaire de Sibérie, une espèce protégée.

Qu’ont révélé ces études ?

Ces études ont permis de réaliser une reconstitution des climats du passé, de l’évolution de l’hydrologie locale et de l’influence humaine sur l’évolution de cette zone humide.

L’analyse des sols a montré que le marais se trouvait dans une zone où la nappe phréatique du granite affleure en permanence. Sous le sol argileux, épais d’environ 60 à 70 centimètres, on trouvait environ 6 mètres d’une tourbe qui reposait elle-même sur des sables et graviers d’origine volcanique, que l’on qualifie de scories.

Mais quand et pourquoi cette tourbière s’est-elle transformée en marais ? Ce changement serait intervenu autour du XVe siècle et pourrait être lié à un barrage en blocs de basalte découvert en 2018, potentiellement construit à la fin du Moyen Âge. Les populations locales auraient barré la tourbière pour créer une pièce d’eau, dont l’usage reste à découvrir. Une hypothèse sérieuse est envisagée, celle d’un usage de cette pièce d’eau pour l'élevage de poissons, pratique courante à cette époque en raison de la forte consommation de poisson liée à la religion. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.

Le marais est composé d’une végétation assez variée. Au total, 86 espèces ont été identifiées, dont les Prêles, visibles surtout au printemps, les laîches ou Carex et les saules qui constituent des bosquets en plusieurs secteurs du site. On trouve aussi la Cardamine des prés, la Ligulaire de Sibérie, un gros bouton d’or appelé Populage de marais, le Trèfle d’eau, etc.

Quel avenir pour le marais de Fontfreyde ?

L’avenir de la zone est incertain. Le réchauffement climatique pourrait diminuer la fréquence des années humides nécessaires au maintien d'une tourbière, menaçant certaines espèces emblématiques comme la Ligulaire.

Ce projet met en lumière l'importance de la préservation des zones humides et leur rôle clé dans la compréhension des changements climatiques. Le Marais de Fontfreyde reste un lieu d’étude incontournable pour les scientifiques et les étudiants de la région, et un symbole des efforts continus pour protéger le patrimoine naturel.

Ces travaux ont été rendus possibles grâce au soutien financier de Clermont Auvergne Métropole et de la municipalité de Saint-Genès-Champanelle. De nombreux acteurs ont également collaboré sur ce projet : chercheurs issus de différentes disciplines (géographes, biologistes, paléontologues, géologues, techniciens), ainsi que des étudiants. Un remerciement chaleureux est adressé aux différents propriétaires du marais pour avoir acceptés ces études.