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23/06/2023 Préserver, recycler...
Elle porte un regard attentif sur le niveau des ressources en eau. Hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) Auvergne-Rhône-Alpes, Clotilde Bertin et ses collègues ont pour mission d’étudier et de diffuser leurs connaissances sur les sols et les sous-sols de la région. Les données qu’ils récoltent sont précieuses pour appréhender notamment les épisodes de sécheresse.
Vous pouvez trouver de l’eau dans presque toutes les formations géologiques de la région, mais la quasi-totalité des niveaux se situe sous les normales. Sur la métropole, nous sommes globalement en déficit. La situation est préoccupante. Cela fait trois ans que les nappes phréatiques n’arrivent pas à se recharger suffisamment. Il n’y a pas eu assez de précipitations cet hiver, et comme on partait déjà de très bas l’an dernier, les déficits se cumulent.
Les pluies de mai ont eu un effet sur les nappes phréatiques les plus proches de la surface, à 5 ou 6 mètres de profondeur, mais elles n’ont pas été suffisantes pour recharger celles qui se situent entre 50 et 110 mètres sous la terre. Le souci, c’est que les nappes souterraines se rechargent mieux en hiver, lorsque la végétation est endormie. En dehors de cette période, une grosse partie des pluies ruisselle et est alors captée par les végétaux, avant de pouvoir pénétrer le sous-sol. Toutes les ressources en eau ne sont pas non plus égales dans la région. Le Livradois ou la Limagne par exemple, sont alimentés par des petites nappes ne permettant pas de stocker beaucoup d’eau. Ces territoires ne bénéficient pas non plus d’une météo favorable contrairement aux reliefs, qui profitent d’une influence océanique leur apportant beaucoup de pluie en hiver. Le Sancy, Orcival… les nappes phréatiques de tous ces secteurs-là sont d’ailleurs les seules du département à afficher actuellement des niveaux au-dessus des normales.
Il y a quelques années encore, nous avions la chance d’avoir de l’eau en quantité dans le Massif central. Les gens foraient, creusaient des puits sans problème. Même confrontés à un épisode de sécheresse, nous pouvions espérer que les nappes phréatiques allaient se reremplir. Maintenant, c’est plus incertain. La canicule de 2003 a été un événement climatique de grande ampleur marqué par la sécheresse, mais le tournant s’est plutôt opéré en 2017. Depuis, on mesure de manière constante des niveaux d’eau très bas en été.
En région, le BRGM travaille principalement sur la déclinaison des politiques publiques, en particulier sur la surveillance quantitative des nappes. La qualité est contrôlée quant à elle par les agences de l’eau. Des sondes installées dans des puits et des forages nous permettent de mesurer toutes les heures les fluctuations du niveau des nappes. Ces données* sont analysées tous les quinze jours. Depuis deux ans, de plus en plus de collectivités sollicitent notre expertise pour améliorer leurs connaissances, localiser les nappes souterraines à protéger ou pour essayer de trouver de nouvelles ressources en eau. En 2020, nous avons par exemple scanné depuis un hélicoptère le nord de la Chaîne des Puys. Cela nous a permis de repérer en profondeur les couches géologiques favorables à la constitution de nappes phréatiques. En apprendre plus sur les sous-sols, sur la manière dont s’étendent les masses d’eau, sur leur profondeur ou sur la fluctuation de leurs niveaux permet de mieux gérer sa ressource. C’est le meilleur conseil que nous donnons aux collectivités ! •
(*) Toutes les données relatives aux eaux souterraines collectées en France métropolitaine et dans les départements d’Outre-mer sont consultables sur ades.eaufrance.fr