En mêlant, par le prisme du jeu, des oeuvres d’artistes contemporains et des textiles patrimoniaux extra-européens, l’exposition ouvre une réflexion sur l’impact des normes sociales sur nos vies et invite à questionner nos interrelations.

Organisée en trois sections, elle souhaite proposer un autre regard sur des points fondamentaux qui bousculent et revitalisent notre société contemporaine : influence des divertissements populaires et du numérique dans notre rapport au réel ; mercantilisme du jeu, de la manipulation des masses à la récupération et la transformation de cultures traditionnelles ; quêtes identitaires et rapports au corps, dans ses fonctions symboliques et sociales. Elle est enfin l’occasion de rappeler, comme l’explique Matthieu Triclot, que « le jeu est une grande manière d’être et de devenir humain ».

Tales Frey, Triunfo, performance, Rio de Janeiro, 2019, photographe Hilda de Paulo

Faites vos jeux

Depuis l’enfance, le jeu est omniprésent, notamment via l’univers du jouet, de la culture populaire, des super-héros et super-héroïnes. Le monde du jeu n’a cessé d’évoluer en parallèle de la société : aujourd’hui fortement marqué par les réseaux sociaux et le numérique, objet de divertissement populaire, moyen d’évasion et de distraction du quotidien, quel est son impact dans notre rapport au réel ?
La section aborde également la place donnée au jeu dans le monde adulte ainsi que la standardisation des jouets, vecteurs de valeurs et de normes sociétales qui continuent d’agir sur nos comportements et nos croyances bien au-delà de l’enfance. Du costume de Batman au Polly Pocket, en passant par les jeux vidéos et l’imaginaire entourant le déguisement, les artistes s’emparent du répertoire du « jouet » comme moyen de dénonciation d’un système et révèlent les dissonances individuelles et collectives qui marquent notre société.

Prendre corps

Le jeu est partout, c’est une constante culturelle qu’on retrouve sur l’ensemble de la planète. Bien que ses formes soient infinies et varient selon les sociétés qui l’imaginent, le jeu est toujours associé à une mise en mouvement du corps, plus ou moins rapide, avec ou sans interaction. La place du corps physique est donc essentielle, c’est par lui que le jeu prend vie, comme l’illustre parfaitement l’univers sportif.
Qu’il s’agisse de danse, de boxe, d’escalade ou de lancer de balles, les artistes s’approprient le vocabulaire formel du sport pour questionner les rapports humains, expérimenter la notion de mémoire corporelle, sensibiliser aux liens entre le corps et l’espace et soutenir la force de libération qui passe par la réappropriation du corps. Les œuvres choisies font référence à certaines traditions et pratiques rituelles corporelles qui lient les individus dans le temps et mettent en avant l’importance de la transmission des gestes et de leur évolution au regard des changements sociétaux.

Jeux de dupes

Dans le jeu et ses déclinaisons commerciales, et dans le monde du sport en particulier, la duplicité est bien présente. Elle se définit par le fait d’avoir un comportement double, d’agir en vue de tromper l’autre et de cacher ses intentions réelles par une attitude fausse.

Mêlant spéculation, politique et fascination des foules pour le jeu, le sport professionnel est un sujet amplement exploité par les artistes qui dénoncent des pratiques controversées et l’ambiguïté d’une activité qui s’est fortement éloignée de sa dimension ludique au profit d’une recherche immodérée de gains financiers.

La globalisation impacte fortement le monde du jeu, comme celui du textile, aux dépens de cultures traditionnelles peu à peu transformées ou récupérées. Les artistes s’interrogent sur les formes d’expression des identités individuelles et communautaires, construites sur une histoire locale et ouvertes sur le monde avec ses multiples influences émanant de l’industrie du sport, du marketing des grandes marques et des effets de mode qui se lisent désormais à l’échelle de la planète.

Quand règles du jeu et règles du marché se rencontrent, qui gagne le match ?

Leda Catunda, Skate II, 2010, Brésil, photographe Everton Ballardin.

Informations

Musée Bargoin
45 rue Ballainvilliers - 63000 Clermont-Ferrand
04 43 76 25 50 - accueil.museebargoin@remove-this.clermontmetropole.eu

Horaires
Du mardi au samedi de 10h à 18h, le dimanche de 14h à 18h.
Fermé les lundis, les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.

Accès et transports
Coordonnées GPS : N 45.46.26.947 / E 3.5.12.764
Bus : lignes B, 3, 4, 8, 9 ,10, 12, 13 et 27, arrêt Sablon-Lafayette
Tramway : ligne A, arrêts UCA - Campus Centre ou Lagarlaye