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04/10/2019 Accompagner, aider...
En 2018, les Missions locales de Cournon-Billom et de Clermont Métropole et Volcans — financées par Clermont Auvergne Métropole — ont accompagné 5 064 jeunes vers l’emploi ou la formation. Manon Di Domenico, en contrat d’apprentissage dans l’entreprise Mestre électricité, fait partie de ceux-là. Témoignage.
C’était couru d’avance. Ces deux-là ne pouvaient que s’entendre. Gilbert, 60 ans, le doyen des salariés de l’entreprise Mestre électricité, et Manon, 19 ans, la petite dernière, qui a choisi d’apprendre un métier que d’aucuns réservent aux hommes. Depuis quelques mois, sur le chantier de l’Hôtel-Dieu, ils forment un duo aussi détonnant qu’attachant, guidés par la bienveillance qu’ils ont l’un pour l’autre. Le courant passe bien.
C’est sans doute cela, la force de l’apprentissage. Un dispositif qui part du postulat que l’on n’apprend jamais mieux un métier qu’en le pratiquant sur le terrain, aux côtés des professionnels. Un moyen de former des jeunes, pour qu’ils trouvent leur voie, et de combler, aussi, les besoins des entreprises. Une méthode taillée pour Manon Di Domenico. “J’ai toujours été fascinée par l’électricité et je préfère être sur le terrain plutôt qu’assise sur une chaise pendant 8 heures. Après des études dans la sécurité, j’ai choisi un CAP en apprentissage pour rentrer plus facilement dans la vie active.” Un parcours qui fait écho à celui de Gilbert Jouve. Lui qui, voilà plus de quarante ans, avait choisi l’apprentissage pour ces “mêmes raisons.”
À la Mission locale de Clermont Métropole et Volcans vers qui elle s’est tournée, Manon a été orientée et soutenue dans ses choix. “On m’a proposé de faire un stage chez Mestre pour confirmer mes envies. Je suis restée. J’attaque ma 2e année d’apprentissage : une semaine de cours par mois, au BTP CFA du Puy-de-Dôme, et le reste du temps, en entreprise.” Une entreprise familiale qui met tout en oeuvre pour la bonne intégration de la jeune femme. Car l’enjeu est de taille : “La former, dès le départ, avec nos méthodes et notre état d’esprit, pour pouvoir la garder auprès de nous”, insiste Valérie Durand, la cogérante de la société Mestre, basée à Romagnat.
Aujourd’hui, la chef d’entreprise ne regrette pas d’avoir cru en Manon. “Elle a été très bien accueillie par l’équipe, mais surtout, elle apprend très vite !” Gilbert, son maître d’apprentissage, acquiesce : “Garçon ou fille, c’est pareil. Elle est volontaire, elle s’intéresse. Et puis elle est respectée sur les chantiers. Elle a le tempérament pour.” Question tempérament, justement, le plus ancien salarié de l’entreprise Mestre n’est pas en reste : “Je suis un râleur, c’est vrai, mais les gens qui bossent avec moi ne veulent plus repartir après.” Manon, qui le regarde du coin de l’oeil, hésite un instant… Puis sourit à son tour : “Moi la première !”
Les deux électriciens se ressemblent sur bien des points. Évidemment, “il y a des petites taquineries entre nous, mais on ne s’est jamais fâchés.” Comme un vieux couple, ils ont maintenant leurs petites habitudes. “Tous les matins, Gilbert fait un détour pour venir me chercher chez moi.” Au quotidien, ils confrontent aussi leurs façons de travailler. L’apprentissage, c’est, parfois, une transmission de savoirs qui marche dans les deux sens. Le choc des époques. “Manon, par exemple, utilise des pieuvres, moi j’ai appris à tirer des gaines”, explique Gilbert. “Nous, on nous enseigne la domotique. Les pratiques et le matériel évoluent…”, poursuit Manon. Et son maître d’apprentissage de glisser : “Un peu trop vite je trouve.”