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Le cavalier à l'anguipède s'expose au musée Bargoin

11/03/2025 Bouger, se divertir

Acquise en vente publique en 2018, cette œuvre antique exceptionnelle représentant le dieu Jupiter à cheval terrassant un monstre anguipède (personnage dont les jambes se terminent par des têtes de serpent) a fait l’objet d’études et d’une restauration au Centre de recherche et de restauration des musées de France.

Elle est enfin de retour au musée Bargoin et sera présentée gratuitement au public à partir du 14 mars dans le hall du musée. L’occasion également d’en apprendre davantage sur le travail de restauration et ses enjeux.

Une œuvre antique dans une collection publique

Rares sont les occasions pour un musée d’archéologie d’acquérir une œuvre sculptée antique aussi importante que ce Jupiter cavalier !

Grâce au soutien financier de l’État, de la Région Auvergne Rhône-Alpes et de l’Association des Amis des Musées de Clermont Auvergne Métropole, la Métropole a pu acquérir en 2018 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot un groupe statuaire antique représentant le dieu Jupiter à cheval terrassant un monstre anguipède.

Découverte fortuitement en 1849, sur la commune d’Égliseneuve-près-Billom (Puy-de-Dôme), cette sculpture a été conservée dans une collection privée. Elle a connu son heure de gloire au 19e siècle puisque le découvreur la promena de ville en ville pendant une vingtaine d'années faisant payer 10 centimes aux curieux pour voir ce qu'il interprétait alors comme une statue équestre de César foulant aux pieds le Gaulois vaincu.


Cette sculpture monumentale a finalement été datée par le spécialiste Florian Blanchard, entre la fin du 2e siècle et les premières décennies du 3e siècle, et identifiée comme l’une des plus anciennes représentations de Jupiter luttant contre ses ennemis incarnés par un monstre anguipède. Les Gallo-Romains y voyaient la victoire de la lumière sur les forces chtoniennes (infernales, souterraines), de l’ordre sur le chaos, de la civilisation sur la barbarie exprimant ainsi leurs conceptions religieuses.  

 

 

Une importante restauration collective

Dès l’acquisition de l’œuvre, le musée a programmé sa restauration car les affres du temps et les réparations subies au fil des années ont entraîné des altérations majeures et des risques importants pour sa conservation. En 2023, la sculpture a donc été confiée au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à Paris et a fait l’objet d’une étude puis d’une restauration réalisées par Nathalie Bruhière et Agathe Evette, avec la collaboration d’Amélie Montreau.
L’accompagnement du C2RMF et d’un conseil scientifique constitué d’experts a permis, à chaque étape, de discuter les partis-pris et les méthodes de restauration. Les anciennes restaurations, dont les matériaux mettaient en péril la conservation et la stabilité de l’œuvre, ont été supprimées, les ajouts abusifs ont été retirés et les erreurs de placement des fragments corrigées afin de rétablir la posture originelle du cheval et la torsion du buste de l’anguipède.

Malgré les compétences et expertises mobilisées ainsi que la riche documentation rassemblée, il n’a cependant pas été possible de positionner avec certitude le pied du cavalier et la tête de serpent terminant l’un des membres inférieurs du monstre. C’est donc une proposition vraisemblable qui a été retenue par comparaison avec d’autres sculptures similaires.

La Métropole est fière aujourd’hui de présenter un Cavalier qui a retrouvé tout son panache grâce au concours de nombreux professionnels de l’archéologie, de la conservation et de la restauration et grâce notamment au soutien financier de l’État et de la Région (étude préalable : 2962 euros HT / restauration : 7875 euros HT versés par le Fonds régional d’aide à la restauration, abondé par l'État et les régions). De son côté la Métropole a versé les mêmes sommes à la fois pour l’étude préalable et pour la restauration.

Désormais, ce Jupiter cavalier, précieux  témoin des croyances de nos ancêtres gallo-romains retrouve ses terres auvergnates. Il occupera naturellement une place de choix au sein du parcours du futur musée Bargoin  dédié à l’archéologie et l’histoire de notre territoire de la Préhistoire à l’aube du 20e siècle.

 

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