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L'interview de Hugo Franck, architecte et urbaniste

11/02/2025 Se déplacer, habiter...

Depuis Royat, l’architecte et urbaniste Hugo Franck conçoit des logements et des équipements, aussi bien dans la métropole qu’ailleurs en France. Président du Syndicat de l’architecture, il défend au niveau national un urbanisme adapté aux impératifs de la transition écologique et une architecture de qualité au service du vivant.

 

Quel regard portez-vous sur le PLU de la Métropole ?

C’est une étape décisive. Ce cadre clair et unifié à l’échelle de la métropole va nous permettre d’être force de proposition pour que nos projets répondent de manière ambitieuse à ses axes de développement. Ce PLU arrive à un moment de bascule dans la réflexion sur la manière de faire les villes. Il prend en compte toutes les questions que nos professions se posent actuellement : comment densifier doucement et intelligemment ? Comment préserver le patrimoine et les singularités de chaque commune, tout en protégeant le vivant dans son ensemble, y compris en coeur de ville ?

 

La résilience est au coeur du projet métropolitain. En quoi les PLU sont-ils des outils déterminants pour soutenir la transition écologique ?

Aménager la ville pour la transition est un acte éminemment politique. Il implique de penser toutes les échelles. De décider comment construire et avec quels matériaux : locaux, biosourcés, de réemploi ? De penser comment gérer chaque parcelle pour préserver la biodiversité. Avoir de grands espaces naturels à proximité ne suffit pas : l’ensemble du vivant doit avoir sa place à l’échelle des îlots, des rues, des bâtiments. Agir pour la transition, c’est aussi régler le problème des mobilités. Il faut sortir du raisonnement concentrique autour d’un centre unique pour développer DES centres en enrichissant les quartiers, et les relier en créant de la mixité à l’échelle métropolitaine. En évaluant ce dont chacun et chacune dispose dans un rayon de 50 mètres autour de chez soi, le PLU permet de penser un espace public inclusif, qui ménage les usages de toutes et tous sans devoir prendre sa voiture.

 

Avec le Syndicat de l’architecture, vous proposez d’inscrire la réhabilitation dans la loi comme acte d’intérêt public. Pourquoi ?

Rénover et réhabiliter permet d’économiser les ressources naturelles, de réduire les déchets et les émissions de CO2, de limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols. Cela devrait devenir l’évidence quand il s’agit d’aménager : la décision de construire ou de démolir pour reconstruire ne devrait être prise qu’après avoir fait le tour de tout ce qui est réhabilitable sur un territoire.

 

Vous y voyez aussi un moyen de rendre les villes moins uniformes…

Oui, car réhabiliter implique d’adapter l’existant à nos envies et à nos besoins, qui changeront encore dans 10, 15, 20 ans. Une ville évolue en permanence : est-ce qu’il faut la démolir en permanence ? L’existant n’est pas un problème à supprimer mais une contrainte à prendre en compte, qui conduit à sortir de la fabrication à la chaîne de logements normalisés. La suite logique de cette approche est de construire le neuf en pensant l’après : d’imposer aux projets d’intégrer dès le départ la possibilité de modifier sans démolir.